01. funambule entre les grattes ciel, je défie les miragesD'un geste lasse, il referme la portière du véhicule avec plus de force qu'il n'aurait dû. Des flocons de neige s'échouent doucement sur le sol, sur le monde, recouvrant le paysage environnant d'un manteau blanc et cotonneux. Ses doigts s'accrochent à sa cigarette sur laquelle il tire avec ferveur, offrant à ses poumons un peu d'encre noire, tapissant ses organes d'une fine fumée libératrice. Ses vertèbres craquent douloureusement dans sa nuque, un petit son désagréable qu'il a malgré tout appris à apprécier avec le temps. Ses yeux se posent devant lui, New York lui ouvre les bras. Un instant, il songe avec angoisse au faite qu'il est seul : pour la première fois de son existence. Seul dans l'une des plus grandes villes du monde, seul avec son accent australien accrocher au palais, seul avec son bronzage étrange au vus des températures actuelles. Passant une main dans ses cheveux bronze, il sourit. Une nouvelle vie s'offre à lui, loin de l'amour écrasant de ses parents, loin de ses souvenirs brumeux dû à la méthamphétamine ... Repoussant la porte de l'immeuble, il laisse échapper un soupire de bonheur lorsqu'un flot de chaleur lui parvint. Il n'est pas habitué à de telle température, lui l'enfant de l'autre hémisphère. Et pourtant le voilà, aux portes de la célèbre université de Colombia, du haut de ses dix huit ans près à devenir l'un de meilleur avocat possible. Une boule d'angoisse prend naissance dans son estomac tandis qu'il songe à sa mère en pleure lors de son départ. Il revoit parfaitement dans son esprit, son visage strié de larme, la peine bridant sa beauté, ses yeux d'un vert profond noyé sous les larmes. Fermant un instant les yeux, Aaron s'oblige à refouler ses pensées. Il se devait de quitter ses parents, de mettre une distance suffisante entre eux, certes de là à partir de l'autre côté du monde il y avait un pas, mais ils ne lui avaient pas laissé le choix. Il ne supportait plus leurs intrusions constantes dans son existence, le jeune homme était parfaitement conscient qu'il ne s'agissait que de preuve d'amour excessive et pourtant il ne pouvait en supporter d'avantage. Aussi, avait-il remplis dans le plus grand des secrets un dossier d'admission pour la Columbia Law School, l'une des meilleures universités de droit du pays et à sa plus grand surprise ; il avait été accepté. L'annoncer à sa famille avait été autrement plus compliquée, il avait fallu beaucoup de tact et de charme pour obliger Rose Kennedy a laisser partir son « bébé » à l'autre bout de la terre. Aaron s'avait parfaitement que malgré son désir de fonder une famille nombre, Rose n'avait jamais pu avoir d'autre enfant après lui, de nombreuses fausses couches et déceptions plus tard, la jeune maman avait reporté son attention exclusive sur son fils unique : lui.
Au début, il n'avait pas honte de l'avouer, il avait largement profité du fait que sa mère l'idolâtrait complètement, bien que son père Jack tentait d'y mettre bon ordre. Il avait savouré comme il se devait les goûter fait selon son bon vouloir, les vacances organisés en fonction de ses envies, obtenir tout ce qu'il voulait en un simple claquement de doigts ; sa mère lui apparaissait alors comme un bon génie. Quoiqu'il lui demande, elle lui offrait. Le plaisir s'était muté en cauchemar lorsqu'il était entré dans l'adolescence, les appels constants de sa mère pour savoir où il se trouvait, le fait qu'elle fouille dans sa chambre, qu'elle se glisse doucement dans chaque aspect de sa vie lui avait rapidement porté sur les nerfs. D'une nature impulsives, Aaron avait appris depuis longtemps a refrénée ses humeurs, cependant l'amour étouffant de sa mère commençait à la rendre doucement dingue. En outre, Rose avait commencé à rêver de mariage lorsqu'il avait douze ans. Elle n'hésitait pas à organiser de nombreux diners dans le but de présenter son fils à de possible jeune fille, appartenant à son cercle amical.
New York était tombé à point nommé, lui apportant tout sur un plateau d'argent, la possibilité de réaliser son rêve dans l'une des meilleures écoles possible et de s'élever de sa mère durant quelques temps. C'est au sein de la grosse pomme qu'il naissait, privé de l'ombre familiale, il devenait enfin lui. Entre les grattes ciels, les vendeurs à la sauvette, les matches des Yankee : un autre Aaron prenait vie. Certes, il se doutait bien que l'océan et ses amis australiens lui manquerait, il savait également que ses parents - bien qu'ils furent devenu insupportables, lui manquerait également. Mais pour l'heure, il avait dix huit ans et venait de s'installer dans la ville qui ne dort jamais ; à l'aube d'un nouveau rêve il pénétra dans l'appartement qui serait le sien durant sept prochaines années.
02. Nos amours que l'on jette en pâture dans les flots des océans «
YEAH ! ON EST A VEGAS » Le cri de son ami Luke lui arracha un éclat de rire. Accoudé au bar de l'hôtel-casino dans lequel il séjournait depuis trois jours déjà, Aaron porta son verre de vodka à sa bouche. Cette virée entre ami, ils en parlaient depuis des années, depuis le début de leurs études de droit pour ainsi dire. Aaron reporta son attention sur Luke qui dansait sur une chaise non loin de lui, tandis que Liam draguait avec assurance un groupe de fille planté devant le spectacle de leur ami moitié dénudé. Amusé, Aaron s'apprêtait à les rejoindre lorsqu'une masse chaude lui rentra dedans. Une douleur explosa dans sa mâchoire tandis qu'une senteur florale lui montait à la tête, un talon aiguille se planta son pied tandis qu'une silhouette s'écroulait contre lui. Instinctivement ses bras s'accrochèrent à la jeune femme pour éviter qu'elle ne bascule et elle laissa échapper un juron bien sentit lorsque son coude cogna contre le bac.«
Putain, putain, putain ! » ragea-t-elle tandis qu'elle prenait conscience qu'ils étaient l'un et l'autre arrosé à l'alcool. Assurément un cocktail qu'elle transportait car il ne lui serait jamais venu à l'esprit de boire quelques choses de rose bonbon. S'éloignant de la jeune femme, il relâcha son étreinte autour d'elle et s'apprêtait à la fuir lorsqu'elle se tournait brusquement vers lui, faisait plier sa cheville sous son poids. Le reste de la scène demeura un mystère pour le futur avocat, défiant toutes les lois de la physique et dans un réflexe des plus saugrenu, l'ingénue tendis les bras devant elle. De ce fait, son poing alla directement se loger dans son plexus, lui coupant la respiration sous la force incompréhensible de cette petite chose blonde. «
Dieu du ciel », soupira-t-il en ignorant les excuses prononcées par la catastrophe ambulante et en reculant prudemment. «
Aide-moi à me relever », dit-elle avec une moue adorable déformant sa bouche pulpeuse. «
Quelle partie de mon corps comptes-tu attaquer cette fois ? » répliqua le jeune homme en avançant une main hésitante vers elle. La ravissante blonde esquissa un sourire renversant, puis la gravure de mode se muta en enfant maladroite lorsque sa main se saisit de la sienne et qu'elle se redressa.«
Je m'appelle Charline » Le jeune homme esquissa un sourire avant de lui répondre, toute trace d'agacement ayant disparu, certes il avait bu beaucoup ce soir, mais cette fille avait un charme étrange, mi femme, mi enfant. «
Je t'offre un verre ? » La demande le prit de cours et visiblement elle aussi, d'un même mouvement, ils se tournèrent vers leurs amis respectifs, qui visiblement avait pris la décision de poursuivre leur soirée ensemble. «
Un verre pour commencer », gloussa-t-elle en l'attirant vers deux fauteuils de l'autre côté du bar.
Le soleil se lève doucement, paresseusement, éclairant de ses rayons incertains le corps assoupis du jeune homme. Un grognement s'échappe de sa bouche pâteuse, enfouissant sa tête dans l'oreiller doux, il s'apprêtait à se rendormir lorsqu'un cri strident le fit sursauter. Trop proche du bord, son corps s'écrasa douloureusement sur la moquette de la chambre d'hôtel, il jura entre ses dents en tentant de se dégager du drap pour voir qui s'était mis à hurler ainsi. Son regard se posa sur le corps à moitié dévêtu d'une charmante sirène aux longs cheveux blonds qui s'agitaient dans tous les sens, criant et esquivant de grand geste. Frottant son crâne douloureux, il observa un instant le décor qui l'entourait, au moins il se trouvait dans sa chambre d'hôtel à lui. «
OH MON DIEU ! » Une grimace déforma les traits du jeune homme, visiblement son aventure d'une nuit avait une voix très stridente et aucun respect pour sa gueule de bois. S'agaçant de sa présence, il se redressa légèrement enfilant au passage son jean qui traînait par là. «
Regarde ! Regarde ça ! » La blonde s'agrippa à son bras et le tira jusqu'à elle en lui collant un papier dans les mains. Soupirant il observa la photographie avant de se figer. «
Bordel de merde », souffla-t-il. Devant ses yeux, prisonnier sur papier glacé se trouvait son pire cauchemar. Lui, visiblement totalement ivre, embrassait à pleine bouche, la blonde à ses côtés, visiblement tout aussi ivre. L'unique problème résidait dans le voile blanc qui coiffait ses cheveux. Ses yeux se posèrent immédiatement sur sa main gauche et il gémit. Que foutais donc cette putain d’alliance à son doigt ? «
C’est de TA faute tout ca ! » Fusillant du regard celle qui portait l’adorable titre de son épouse, Aaron s’obligea à respirer calmement. «
Ma faute à moi ? », répéta-t-il. «
Tu as voulu m’offrir un verre ! » «
Tu m’as à moitié tué en me fonçant dedans, deux fois ! » «
Je... J’ai toujours été très maladroite », répliqua-t-elle en croisant les bras. La fusillant du regard, Aaron s’apprêtait à répliquer quelques choses lorsque son téléphone portable sonna. Lançant un regard d’avertissement à la jeune femme, il décrocha en voyant le nom de sa mère clignoter sur l’écran. «
Maman ? Je ... Oui mais … Comment as-tu … Maman ce n’est pas du tout ce que tu penses ! QUOI ? LIAM ! Non, Maman je ne cris pas. Oui, évidemment que nous allons venir » Charline haussa un sourcille moqueur devant la tête déconfite de son mari, visiblement il était incapable de résister à sa maman. Elle attendit qu’il est raccrocher pour se moquer doucement de lui, elle le trouvait un peu trop prétentieux depuis le réveil. «
Nous avons un problème » La jeune femme éclata de rire devant la mine abattue d’Aaron. «
Nous ? Non, tu as un problème » «
Ma très chère épouse, tu ne connais pas ma mère. Nous, toi et moi, ensemble, avons un sérieux problème avec elle. Elle nous attend de pied ferme à la maison. » Une étincelle de peur passa brièvement dans le regard bleuté de la jeune femme. La maison ? Avait-il réellement dit « la maison » ? Il ne pensait pas sérieusement qu'ils allaient rester marié n'est-ce pas ? «
La maison, c'est où ? » «
Melbourne » «
Melbourne où ? » «
Melbourne en Australie, évidemment. »
Evidemment. «
Ecoute, je suis presque sûre que nous pouvons obtenir une annulation de mariage, après tout nous n'étions pas vraiment dans notre état normale - en parlant de ça justement, tu étais bien plus charmant quand tu étais bourré, mais qu'importe allons annuler ce mariage et tu rentreras chez toi, à Melbourne, Australie tout seul ! ». «
On en peut pas l'annuler ; nous avons consommé notre union, chérie » Tournant autour de la pièce, le jeune homme regroupa rapidement ses affaires, ignorant le visage effaré de Charline. «
Qu'est-ce que tu en sais ? Tu es avocat peut être ?! » Le ton de sa voix était cinglant, teinté d'une ironie déplaisante. «
Oui, je le suis ». Il sortie de la chambre, rejoignant la salle d'eau. Quelle galère !