Je frappais du bout de mes doigts sur cette porte, et tentais d'esquisser un sourire des plus chaleureux. Ceci n'était pas forcément une action difficile à accomplir puisque j'appréciais mon métier : être livreur c'est en règle générale apporter du plaisir à des inconnus. Quelques fois, des clients me jetaient les fleurs aux pieds, prétextant que ceci ne devrait pas leur être adressé ; c'était des réactions plutôt rares, et exceptionnelles. Ma dernière livraison étant payé, je me doutais que j'allais éveiller la surprise de la personne censée m'ouvrir. Je croisais mes jambes, et conservais le bouquet entre mes doigts. Je frappais une nouvelle fois, afin de m'assurer que mon arrivée soit bien entendu. Un homme à l'air sombre, grand, et vêtu d'un costume, m'ouvra, et ne sembla que peu surpris de me découvrir. Mademoiselle Fitch ? soufflais-je, en me voulant amusant. Ce nom que je venais de réclamer était celui inscrit sur le bouquet, et donc celui à qui ces fleurs étaient censées être offertes. Je pensais que cette simple, et petite réflexion n'allait pas provoquer une telle colère de cet individu. Pardon ? me souffla-t-il, avant de m'arracher violemment le bouquet des doigts. Son regard s'ancrait dans le mien, et me faisait comprendre qu'il était plus qu'énervé. Je m'occupe de tes histoires, moi ? Non, donc dégages me cria-t-il avant de me refermer la porte au visage. J'en fronçais les sourcils, et me retournais vers mon vélo. Mes commandes étant terminées, je partais rapidement vers la boutique du fleuriste pour lequel je travaillais. J'étais, tout de suite, bien plus rapide et performant en fin de journée. Je savais que je devais la rejoindre. Quelques minutes, et kilomètres plus tard, j'arrivais au parc. Je n'avais pas besoin de le parcourir entièrement pour savoir où j'allais pouvoir retrouver ma belle. Caroline, j'apprenais à la connaître davantage chaque jours ; je la connaissais donc, elle, et ses envies, et me doutais de l'endroit où elle se trouvait. En la remarquant, j'esquissais un large sourire, heureux. Je savais pourtant que cet instant que nous allions échanger ne serait pas des plus joyeux, qu'importe. Sa présence m'offrait une sensation étrange, et différente de celles des autres, et je savais faire en sorte que ce soit sentiment dépasse tous les autres. Je déposais mon vélo contre un arbre, et m'approchais doucement d'elle. Mon corps se rapprocha du sien. C'est moi ... me sentis-je obligé de lui annoncer, avant de faire glisser mes doigts autour de sa taille, je ne souhaitais pas l'apeurer, ou même l'obliger à paniquer inutilement. Mes lèvres se déposèrent contre son épaule pour un bref, mais tendre baiser. Avec Caroline, tout se faisait en douceur, afin de ne pas la brusquer, à ses côtés, je possédais l'étrange angoisse d'être trop entrepreneur. Tu as réussi à faire de belles photos ? lui demandais-je avant de me décaler. Je savais que le contact physique, de trop longue durée pourrait lui donner envie de fuir, et ce n'était pas ce que je désirais. Mes mains tombèrent dans le fond de mes poches, et mon regarda se balada sur le paysage qui était autour de nous. Sympathique. Je me doutais que son regard avait su captiver de nombreuses images.