gray, charline amanda

Feel the vibe, feel the terror, feel the pain.

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Maman, tu pleures encore pour Papa ? Claire, la mère de Charline essuya les larmes qui coulaient le long de ses joues, et rangea vite le cadre photo qu'elle tenait entre ses mains. Non ma chérie, pourquoi est-ce que tu dis ça ? Sa mère était vraiment nulle au mensonge. Elle ne parvenait pas à lui mentir, Charline la démasquait à chaque fois. Ne souhaitant pas aggraver les choses, elle fit comme si elle la croyait, et elle alla s'asseoir à ses côtés. Un café dans les mains, elle le déposa devant sa mère. Tiens, je l'ai fait pour toi. Elle n'avait peut-être que quatorze ans, mais la blondinette savait qu'elle devait s'occuper de sa mère. Elle était la seule à pouvoir l'empêcher de sombrer depuis la mort subite de son père. Alors elle s'accrochait, et elle l'aidait du mieux qu'elle le pouvait. Sans jamais se plaindre, ou presque. J'ai de la chance de t'avoir auprès de moi ma chérie. C'était déjà bien qu'elle le reconnaisse. Après tout, Charline n'était qu'une adolescente, elle aurait pu être avec ses amis, à s'amuser, faire des bêtises qu'elle pourrait raconter à ses propres enfants plus tard, mais non, elle restait là, grandissant plus vite qu'il ne le fallait. Je vais me faire quelque chose aussi, je reviens. Souriante et se voulant calme, Charline se rendit à la cuisine, et alla chercher du lait dans le frigo. Elle se demandait souvent pourquoi elle, pourquoi maintenant, pourquoi de cette façon. Tous ses amis étaient normaux, avaient une vie des plus banales, tandis qu'elle luttait déjà chaque jour pour voir un lendemain. Elle devait jouer le rôle de la fille mais également celui de la mère. Une situation compliquée, dont elle aurait pu se passer. Mais on ne choisit pas sa vie, n'est-ce pas ? On ne fait que s'y habituer, en se convaincant intérieurement qu'on l'a toujours voulue. Et on avance, on se disant qu'au fil des jours, ça finira par aller. Qu'on se réveillera un jour, et que quelqu'un vous annoncera qu'il ne s'agissait que d'une bonne blague. Et que maintenant, votre vraie vie est totalement prête à être consommée.

Je te jure que si ta mère m'adore, je me mets à crier. Aaaron leva les yeux au ciel, et il sortit brusquement de la voiture, n'attendant même pas celle qui était sa femme depuis une semaine. Oui, il était marié. La bonne blague. Tout ça à cause d'une virée à Vegas, qui avait mal tourné. Sérieusement, quelle belle connerie. Et maintenant fais semblant de ne pas m'entendre, je dirai rien. Y a pas un moment où tes piles sont à plat, non juste pour savoir. Charline lui tira la langue, avant de manquer de tomber à cause d'une pierre mal placée. Elle releva la tête, et aperçut la maison Kennedy devant elle. Celle-ci était plutôt jolie, et respirait la joie de vivre, et l'amour familial. Chose que Charline n'avait jamais eue. Élevée uniquement par sa mère, son père avait perdu la vie lors d'un braquage. Autant vous dire que les belles petites familles et tout le reste, ce n'était pas vraiment son truc. D'ailleurs, cette virée à Vegas entre amies pour l'enterrement de jeune fille de l'une d'entre elles, était censée être sans grosses conséquences, et surtout, elle était censée les amuser. Ce qui a été le cas, jusqu'au réveil brutal. Charline s'était réveillée à côté d'Aaaron, totalement nus tous les deux, dans le même lit, avec un anneau au doigt. Parfait, merveilleux. Et pour ne rien arranger, ils n'avaient gardé aucun souvenir de cette soirée. Seules les photos prises à la chapelle avec cet étrange Elvis pouvaient prouver leur folie nocturne. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, l'un des amis d'Aaron avait appelé la mère de ce dernier pour lui annoncer qu'elle avait une belle-fille, sachant à quel point ceci était important pour elle. Et voilà, Aaron et Charline étaient dans la même galère. La demoiselle devait quitter son Texas natal pour Melbourne. Le genre en Australie, vous voyez le genre ? Contente-toi de sourire, et tout ira bien. On joue les petits amoureux parfaits devant mes parents, et d'ici quelques jours, on divorcera. On trouvera un moyen. Charline, qui d'ordinaire détestait les ordres, le dévisagea : il avait intérêt d'avoir raison. Elle ne voulait pas passer le reste de ses jours mariée à un homme qu'elle ne connaissait pas. Ou du moins, presque pas. Durant le vol qui les amenait à Melbourne, elle s'était surprise à s'endormir sur son épaule, et à se réveiller brutalement, se demandant ce qu'elle faisait. À le trouver adorable avec ses mimiques qui n'appartenaient qu'à lui. Mais son caractère bien trempé et fier ne lui permettait pas de craquer aussi facilement. Et puis si elle ne tenait pas à lui un minimum, elle ne l'aurait pas suivi à l'autre bout du monde. Quoi qu'il en soit, Aaron venait de sonner à la porte de ses parents, et c'est son père qui leur ouvrit. Tout content, il prit Charline dans ses bras, la considérant déjà comme une membre de la famille. Arriva ensuite la mère du jeune homme, qui l'adula littéralement. Elle était vraiment ravie d'avoir une belle-fille, et bizarrement, Charline se sentit bien comme ça. Elle commençait à s'habituer à la situation, puisque Aaron et elle vivaient dans la maison en face de celles des parents du jeune homme depuis un mois et demi. Le divorce n'a toujours pas été prononcé, Charline continue à jouer les chiantes, et Aaron la repousse, avant de tomber pour ses beaux yeux. Ils sont pris au piège de leur propre mariage, arrivé sur un coup de tête. Et si finalement, ils n'étaient pas si malheureux que ça ?